Plus de 3,3 millions de chercheurs et d’ingénieurs venus du monde entier sont actuellement installés aux Etats-Unis.
Les échos – 30 juillet 2007 par Alain Pérez.

Plus de 500.000 Indiens, près de 325.000 Chinois et presque autant de Philippins. Les Etats-Unis sont les incontestables champions du monde de l’immigration scientifique et technologique. L’Oncle Sam emploie dans ses universités, ses centres de recherche et ses entreprises high-tech près de 3,35 millions de chercheurs et d’ingénieurs venus du monde entier. Le bilan présenté récemment par la National Science Foundation (NSF) confirme l’attractivité du pays auprès des professions techniques et scientifiques (voir la carte).

Cette force de travail importée représentait en 2003 près de 16 % du total des chercheurs, ingénieurs et techniciens vivant sur le territoire américain (*). La majorité sont des résidents de longue date. Plus des trois quarts d’entre eux ont débarqué pour la première fois aux Etats-Unis avant 1993 et près des deux tiers (64 %) ont acquis la nationalité américaine. Les statistiques américaines font toutefois la différence entre les « native born US citizens » et les « immigrants ». Elles prennent également en compte l’appartenance ethnique ainsi que le lieu d’acquisition des diplômes successifs (aux Etats-Unis ou dans le pays d’origine).

Peu de Français

A la fin 2003, les Asiatiques étaient les plus nombreux (1,8 million) devant les Européens (632.000) et les Sud-Américains (179.000). Les Français jouent un rôle modeste dans ces migrations et on ne peut pas parler de « fuite des cerveaux » pour qualifier ce mini-exode. Au total, environ 25.000 chercheurs et ingénieurs d’origine gauloise étaient officiellement installés outre-Atlantique à la fin 2003, soit 0,7 % du total des immigrants. Les Britanniques sont cinq fois plus nombreux (122.000) et les Allemands presque trois fois plus (71.000). En revanche, on compte un nombre croissant de spécialistes venus des anciens pays communistes : environ 63.000 Russes, près de 45.000 Ukrainiens et presque autant de Polonais. L’Amérique du Sud est surtout représentée par les Argentins (54.000), les Colombiens (36.000) et les Péruviens (33.000). Ce bilan agrège toutes les fonctions des filières scientifiques et techniques (du technicien au détenteur d’une thèse de doctorat). Ce sont les immigrés venus d’Europe qui affichent le niveau d’éducation le plus élevé. Ils possèdent dans leurs rangs le plus gros contingent de doctorants (13,6 %), devant les Africains (11,1 %) et les Asiatiques (9,3 %), ces derniers étant traditionnellement très présents dans les laboratoires et les centres de recherche d’outre-Atlantique.

Trois raisons principales

L’enquête de la NSF a également tenté de connaître les motivations qui poussent ces spécialistes en général bien formés à tenter l’aventure américaine.Trois raisons principales semblent faire l’unanimité :

  • rejoindre des membres de la famille (37 %),
  • profiter d’une opportunité éducative (30 %)
  • ou répondre à un besoin économique (21 %).

Les Européens mettent en tête les raisons familiales pour justifier leur départ (41 %), devant les objectifs économiques (24 %) et les prétextes éducatifs (15 %).

Les disciplines exercées reflètent le savoir-faire des pays d’émigration. Les Asiatiques sont surtout présents dans les technologies de l’information, alors que les Européens s’activent essentiellement dans l’ingénierie et les sciences sociales. Une forte minorité de ces diplômés (environ un tiers) déclarent ne pas exercer dans la science et la technologie. Ceux-là semblent donc avoir changé de métier au fil du temps. A noter enfin que les professions techniques se portent plutôt bien dans l’économie américaine. Sur la totalité des 3,3 millions de personnels importés, seulement 4,2 % se déclarent en quête d’un job. Chez les « Native Americans », ce pourcentage descend à 2,7 %. Un ratio qui explique peut-être le tropisme des diplômés de la science et de la technologie pour le modèle yankee.

L’immigration scientifique aux Etats-Unis en quelques chiffres
  • Plus de 21 millions de spécialistes
  • Environ 21,6 millions de personnes possèdent une formation technique ou scientifique aux Etats Unis.
  • Près de 18,3 millions sont des Américains de naissance et plus de 3,3 millions sont des étrangers.
  • Plus de 60 % de ces immigrants ont acquis la nationalité américaine.
  • L’Inde fournit le premier contingent d’immigrés de la technologie avec 515.000 spécialistes vivant aux Etats-Unis.
  • La Chine, les Philippines suivent avec plus de 300.000 immigrés.
  • Les Britanniques sont en tête des Européens avec 122.000 scientifiques ingénieurs ou techniciens.
  • Environ 25.000 Français exerçant ces fonctions sont installés outre-Atlantique.